Quand le doute m’habite
 ou la vertu du doute comme outil du manager.

outil du manager le doute

Oui, vous avez bien lu. Je vous invite Ă  cultiver le doute et non pas Ă  le rĂ©primer. Je vous propose d’en faire un outil et une force dans vos pratiques en tant que manager ou dirigeant.  En effet, le doute a mauvaise rĂ©putation. Pourtant ce sentiment est bien utile… pour se manager soi-mĂȘme, mais aussi les autres.

Partons à la découverte des vertus du doute et, surtout, de comment en faire une force ! 3 étapes à suivre

De quoi parlons-nous réellement lorsque nous évoquons le doute ?

Il y a des doutes sur son identité et ses compĂ©tences

« Je manque de confiance 
 Je ne vois plus le sens 
Comment vais-je ĂȘtre perçu par le Board ou par mes collaborateurs ?... »

Des doutes Ă  la prise de dĂ©cision 

“Je tourne en boucle dans ma tĂȘte
 Et si ?
 J’ai trop d’options, par oĂč commencer
. Je ne sais pas comment engager les autres dans ma dĂ©cision
. Quel impact sur mon client ?
.” 

Et des doutes 
 liĂ©s Ă  l’inconfort Ă©motionnel gĂ©nĂ©rĂ© par le doute ! 

“Je me sens perdu
 je ne me sens pas entendu
. J’ai peur
 Je n’ai plus d’énergie
 Je ne prends plus de plaisir
 Ca me met en colĂšre
 Je suis lasse 
 Je me sens submergĂ©â€Šâ€Â 

Et si justement, douter, Ă©tait un outil nĂ©cessaire au dĂ©ploiement de sa puissance managĂ©riale ?

Dans la confidentialitĂ© d’un coaching, on se confie volontiers sur ses doutes bien que le mot « doute » ne soit pas toujours utilisĂ©.  Mais en plein jour, peu de managers ou dirigeants osent exprimer leur doute Ă  voix haute. Et pourtant, on n’attend pas de ces femmes et de ces hommes d’ĂȘtre des super hĂ©ros ni d’avoir rĂ©ponse Ă  tout. Leur rĂŽle est de donner du sens, guider, inspirer, responsabiliser, cadrer parfois, mais certainement pas de tout dĂ©cider unilatĂ©ralement.  

Douter des autres est facile ; douter de soi un sujet bien plus dĂ©licat.

Comme si douter Ă©tait une tare, un dĂ©faut ou, pire encore, un manque de leadership ! Le vocabulaire que nous utilisons reflĂšte souvent notre biais, conscient ou inconscient, qui nous incite Ă  minimiser notre doute. D’ailleurs les recherches de « doute » sur Google nous orientent vite sur des “trucs et astuces” pour ne pas ressentir le doute et se montrer fort et confiant Ă  toute Ă©preuve. 

Pourtant, tout apprentissage et tout dĂ©veloppement se fait en passant par de l’inconfort.

Cette vĂ©ritĂ© fondamentale est vraie aussi pour le management. Le doute est l’inconfort nĂ©cessaire pour nous faire avancer et grandir en tant que personne et manager. Donc ici pas de remĂšdes CONTRE le doute, mais plutĂŽt une mĂ©thode pour apprendre Ă  s’en servir comme d’une force.  

Comment faire du doute un outil pour manager ? 3 étapes à suivre

Etape 1 : Trouvez du confort dans l’inconfort.

Toutes et tous les adeptes de yoga sont passĂ©s par là lorsqu’il faut tenir une posture difficile. Ça tire partout dans le corps, ça fait mal. On voudrait mettre court Ă  cette souffrance qu’on s’impose – mais pourquoi je m’inflige ça ??–  

 La clĂ© est alors de faire un effort mental pour regarder cette douleur. Oui, simplement la regarder.  Comme si on Ă©tait externe Ă  soi-mĂȘme, on regarde prĂ©cisĂ©ment cet inconfort.  

Et lĂ  vient le questionnement fondamental : “OĂč se situe-t-il ?  Comment je le ressens ? Ça fait quoi exactement : ça tire, ça dĂ©stabilise, ça me coupe le souffle,.. ? 

PUIS VIENT L'ACCEPTATION DE CET INCONFORT

Acceptez simplement que ce soit lĂ , sans jugement ? “OK, voilĂ  c’est dĂ©sagrĂ©able mais c’est ok”.  Vous allez voir, comme par magie, le corps ne rĂ©siste plus. La douleur semble se dissiper, et se transforme en autre chose…en une nouvelle possibilitĂ©. On se surprend mĂȘme Ă  aller pousser la posture un peu plus loin
 (vĂ©ridique !). 

POUR LE DOUTE, MÊME COMBAT.

Comme pour la douleur corporelle, je vous encourage Ă  aborder le doute de la mĂȘme façon.  DĂšs que vous ressentez cette peur qui coupe l’élan, cette hĂ©sitation qui nous Ă©nerve, cette lassitude qui nous empĂȘche de choisir…  alors c’est le signal !  

Je ralentis, je respire, je regarde ce qui se passe en moi. J’identifie oĂč ça se situe dans mon corps, quelle Ă©motion je ressens et je nomme pleinement cette expression du doute.  

Et lĂ  je l’accueille Ă  bras ouvert. “Ok, salut toi, welcome back, surtout fais comme chez toi !” J’écoute ce qu’il me dit, ce qui se joue, ce que ça me fait.  

Le secret ? Ne pas chercher Ă  le faire partir ni formuler des solutions, mais simplement lui accorder sa place.  Ça peut durer quelques instants. Quelques heures et parfois mĂȘme plusieurs jours.  

Dans cette confusion profonde, dans cet enlisement ĂŽ combien dĂ©sagrĂ©able, finit par Ă©merger quelque chose.  Peut ĂȘtre juste :  

  • L’acceptation du doute et qu’on va pouvoir apprendre Ă  vivre avec. 
  • Ou une idĂ©e crĂ©ative Ă  laquelle on n’aurait jamais pensĂ©,  
  • ou simplement un pas de cĂŽtĂ© qui remet en question notre façon de penser et nous permet d’aller expĂ©rimenter quelque chose de nouveau. 

Etape 2 : Sachez exprimer votre vulnérabilité.

Quoi ? Really ? Je vais dire Ă  mes Ă©quipes que je ne dors pas bien la nuit ? Que je ne sais pas ? Que je n’ose pas ?   Et bien oui, essayez, vous verrez, ça fait du bien !  
L’humilitĂ© est une des caractĂ©ristiques les plus citĂ©es dans ce qui nous inspire chez un leader. Dans ce classique de management Good to Great (2001), Jim Collins qualifie de” Level 5 Leadership” ces leaders humbles, qui inspirent les autres en les amenant vers une cause plus grande qu’eux mĂȘme.  

DE LA VULNERABILITE AU LEADERSHIP

En exprimant ouvertement votre doute, vous engagez vos pairs et collaborateurs Ă  contribuer Ă  la rĂ©solution de ce dilemme qui vous habite. Attention : l’idĂ©e n’est pas de vous dĂ©valoriser en public, mais bien de garder le cap de l’ambition collective. 

Et lĂ , tout manager, directeur, dirigeant, head of whatever, que vous ĂȘtes, en admettant que la rĂ©ponse ne vient pas de vous, vous permettez aux autres de s’exprimer en toute sĂ©curitĂ©. 

Ta-da ! Des idĂ©es Ă©mergent alors auxquelles vous n’aviez pas pensĂ©. Et, cerise sur le gĂąteau, les personnes impliquĂ©es se sentent justement pleinement engagĂ©es et responsabilisĂ©es. 

Etape 3 : Passez Ă  l’action mais lĂąchez prise sur le rĂ©sultat.

 Ah oui, ce fameux lĂącher prise, ça vous Ă©nerve un peu ce mot, non ? Moi aussi je vous rassure ! 😉 Mais restez un peu avec moi pour la fin. Voici un enseignement (trĂšs trĂšs raccourci, je l’assume) de la Bhagavad Gita, le plus grand texte sacrĂ© de l’hindouisme : le dĂ©tachement dans l’action.  

 La leçon du dieu cocher Krishna face aux doutes d’Arjuna qui voudrait Ă©chapper au combat, c’est qu’il faut agir, mais agir avec dĂ©tachement.  Il ne s’agit pas de choisir ou ne pas choisir car quoi qu’on fasse, on agit.  

« Tu as le droit Ă  l’action, mais seulement Ă  l’action et jamais Ă  ses fruits ; que les fruits de ton action ne soient point ton mobile ».  Krishna incite Arjuna Ă  combattre, comme doit le faire un guerrier, mais Ă  combattre sans en attendre de rĂ©compense. Pour les Indiens, l’important, est d’« aller jusqu’au bout de son action », car « la bonne marche du monde repose sur les actions des hommes ». 

Cette philosophie peut nous inspirer dans notre contexte moderne oĂč le combat sont nos enjeux de business et les guerriers nous-mĂȘme, nos collaborateurs, nos clients, nos concurrents.

CHOISIR SON ACTION, LE 1ER PAS.

Quand le doute m’habite alors qu’une action doit ĂȘtre posĂ©e, il s’agit alors d’y aller. Il faut avoir le courage d’accomplir un choix, mĂȘme imparfait. Ce choix peut ĂȘtre de ne rien faire de maniĂšre consciente et dĂ©libĂ©rĂ©e.   

En faisant cela vous acceptez toute la responsabilitĂ© de votre choix-action. Et Ă  l’inverse vous acceptez de ne pas chercher Ă  maĂźtriser toutes les consĂ©quences de cette action sur les autres. 

Quand vous exprimez vos besoins, vos choix ou vos conditions de collaboration avec assertivitĂ©, vous acceptez qu’ils puissent heurter l’autre, bousculer l’ordre Ă©tabli, chambouler le cours des choses dans un sens comme un autre. Il faut accepter cette consĂ©quence.  

VoilĂ  donc, la boucle est bouclĂ©e. “Je doute, je l’accepte, je le partage et j’agis en accomplissant ce qui me semble ĂȘtre le plus juste et dans ma vĂ©ritĂ©, malgrĂ© ou grĂące Ă  ce doute, mais je ne doute plus de ce que je viens de faire. “  

Je vous souhaite à présent de faire de vos doutes un outil pour créer votre puissance managériale !   

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Respecter la singularitĂ© de chacun : ‹une richesse pour l’entreprise

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